"On a tous arrêté de produire le maïs, le tournesol, les légumes et on a arrêté de pratiquer la rotation des cultures. En fait, le producteur est tombé dans un piège car maintenant, il se rend compte que ses sols sont complètement détériorés."
Hector Barcheta, agriculteur argentin
En 1996, le gouvernement de Carlos Menem autorise la culture du soja transgénique, le Roundup Ready, en Argentine. Produit par la multinationale Monsanto, ce soja a été manipulé génétiquement pour résister au Roundup, un herbicide fabriqué par... Monsanto.
Dix ans plus tard, l’appât a fonctionné : profitant des cours élevés du soja sur le marché, l’Argentine en est devenu le premier exportateur mondial. La moitié de ses terres arables sont désormais consacrées à la monoculture de soja transgénique. On parle de sojisation du pays, entraînant de multiples conséquences, économiques, sociales et environnementales. Les petits producteurs, qui ne peuvent pas faire face à la concurrence, sont obligés de vendre leurs terres.
La déforestation touche de nombreuses régions. S’ajoute un problème inattendu : l’apparition de soja rebelle, des graines qui germent hors de la saison et qu’on ne peut anéantir qu’avec un emploi massif d’herbicides. Résultat : des taux de pollution catastrophiques qui affectent les animaux, les autres cultures, mais aussi la santé humaine.
Des plaintes ont été déposées et des scientifiques courageux ont publié les premières enquêtes épidémiologiques sur les conséquences sanitaires de la sojisation. En interrogeant les principaux acteurs du dossier, ce reportage met en lumière les conséquences, parfois dramatiques, des cultures transgéniques.
Argentine, le soja de la faim