"Je ne vais pas dire à mes étudiants : mettez un masque et maintenez une distance d'un mètre cinquante de vos gamins ! Sinon l'école est foutue, morte, sclérosée !"
Didier Jourdan
Les dérives de la lutte contre la pédophilie
Le film et le livre s'intéressent aux dérives de la lutte contre la pédophilie notamment dans leurs conséquences sur le respect de la présomption d'innocence. Après avoir toujours nié l’existence d’abuseurs sexuels dans ses rangs, l’Éducation nationale a opéré une volte-face au milieu des années 1990 : grâce aux militants de la protection de l’enfance, la pédophilie a enfin été
dénoncée et poursuivie. Mais, sous l’effet de la pression médiatique, cette prise de conscience a conduit l’État à adopter un dispositif de contrôle inadapté, qui mine en profondeur l’ensemble du corps enseignant et qui, selon la journaliste, menacerait à terme l’équilibre même des enfants.
En effet, depuis l’adoption en août 1997 de la circulaire Royal, qui impose le signalement au procureur du moindre« fait » suspect, les accusations de pédophilie en milieu scolaire se sont multipliées. D’authentiques coupables ont été démasqués, mais des centaines d’innocents ont également vu leur vie brisée et les enseignants ont modifié en profondeur leurs comportements vis-à-vis des élèves, s’interdisant désormais le moindre contact physique. En filigrane, l’enquête qui donne la parole à ces enseignants injustement accusés de pédophilie, propose une réflexion sur l’école et l’éducation, la relation des enfants à l’adulte et au corps de l’autre.