« Une prouesse journalistique. Marie-Monique Robin parvient à dévoiler les secrets les mieux cachés des forces armées argentines, lesquels sont indispensables pour comprendre ce qu'il nous est arrivé. Son livre rejoint de plein droit le cercle réduit des grands classiques nationaux »
Buenos Aires, 2005, Horacio Verbitsky
Dans les années 1970 et 1980, les pays du Cône sud de l’Amérique latine ont connu des dictatures militaires qui ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à une échelle sans précédent les techniques de la « guerre sale » : rafles indiscriminées, torture systématique, exécutions extrajudiciaires et «disparitions », escadrons de la mort… C’est en enquêtant sur l’agence de renseignements dont s’étaient dotées ces dictatures — le fameux « Plan Condor » — que j'ai découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains (et en particulier argentins). Des méthodes expérimentées en Indochine, puis généralisées au cours de la guerre d’Algérie, pendant laquelle des officiers théoriseront le concept de la « guerre antisubversive ». Dès la fin des années 1950, les méthodes de la « Bataille d’Alger » sont enseignées à l’École supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où s’installe une « mission militaire permanente française » constituée d’anciens d’Algérie (elle siègera dans les bureaux de l’état-major argentin jusqu’à la dictature du général Videla). De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la « guerre moderne », qu’ils appliqueront au Sud-Viêtnam. Appuyées sur des archives inédites et sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux — français, américains, argentins, chiliens - mon enquête a contribué à la réouverture des procès contre les militaires argentins, et aujourd'hui je suis régulièrement citée comme témoin dans les tribunaux argentins.
Escadrons de la mort, l'école française