L’enquête sur « l’école française » de torture est diffusée aux États-Unis au moment où éclate le scandale d’Abou Ghraib (avril 2004). Marie-Monique Robin est alors contactée par Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch (et ancien procureur de New York), pour participer à la rédaction d’un livre collectif, intitulé Torture. Les quinze contributions de cet ouvrage – dont celle de John McCain - retracent l’histoire de la « question », depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, et dressent un premier bilan des pratiques américaines en Afghanistan, à Guantanamo et en Irak. L’idée de « Torture made in USA » en est issue, mais aussi la possibilité même d’obtenir les interviews qui constituent le film. Même en opposition avec l’équipe Bush, les témoins militaires et civils sont pour la plupart de fervents républicains, Américains et fiers de l’être, qui ne se seraient pas confessés à une journaliste française s’ils l’avaient suspectée d’agir par simple « anti-américanisme ».
Au contraire, sa précédente dénonciation des « escadrons de la mort » français, de leurs agissements en Algérie et en Amérique du Sud, démontrait que Marie-Monique n’entendait pas régler des comptes transatlantiques, mais poser un problème universel. C’est précisément ce qu’attendaient des interlocuteurs inquiets de voir l’exemple américain devenir une référence pour les régimes autoritaires du monde entier, et outrés d’entendre leurs élus s’interroger gravement pour savoir si le « waterboarding » était bien une technique de torture.
« Si les responsables de cette lamentable affaire ne sont jamais jugés pour leurs crimes, les Etats-Unis pourront se targuer d’avoir fait reculer l’humanité d’au moins
cent ans en arrière ».
Kenneth Roth - Directeur exécutif de Human Rights Watch et ancien procureur de New York